"Tant que tu vivras, cherche à t'instruire: ne présume pas que la vieillesse apporte avec elle la raison" Solon

Covid-19 : après la disparition des symptômes, certains malades sont toujours infectés


Alors que la pandémie due au coronavirus SARS-CoV-2 continue de s'étendre, les chercheurs poursuivent leurs investigations afin de mieux comprendre l'évolution de la maladie qu'il génère. Et des Chinois mettent aujourd'hui en garde : les patients apparemment guéris pourraient toujours être contagieux.

L'étude ne porte que sur 16 patients atteints de Covid-19. Des patients chinois sortis d'un hôpital de Pékin entre le 28 janvier et le 9 février 2020. Leur âge médian était de 35,5 ans et ils n'avaient été atteints que d'une forme bénigne de la maladie. Mais les chercheurs l'affirment dans un communiqué de l’American Thoracic Society : « La moitié de ces patients ont continué à éliminer le coronavirus même après la disparition des symptômes. C'est un résultat important. »

Les chercheurs précisent que les patients présentaient des symptômes de type fièvre, toux, douleurs dans le pharynx ou respiration difficile. Ils ont reçu différents traitements médicamenteux. Et si la durée moyenne des symptômes était de huit jours, la période pendant laquelle ils sont restés contagieux après la disparition de ces symptômes varie de un à huit jours. Les tests par PCR ayant continué à se révéler positifs.

L’étude présentée ici confirme une apparition des symptômes en moyenne cinq jours après la contagion. Mais elle prévient aussi que des patients qui ont souffert d’une forme bénigne de Covid-19 peuvent rester contagieux jusqu’à huit jours après la disparition desdits symptômes. D’où l’importance de continuer à protéger les autres après sa maladie. © Maridav, Adobe Stock 


Rester confiné, même après les symptômes

« Si vous aviez de légers symptômes respiratoires dus à Covid-19 et restiez à la maison afin de ne pas infecter les gens, prolongez votre quarantaine pendant deux semaines après la guérison pour vous assurer de ne pas infecter d'autres personnes », recommandent aujourd'hui les auteurs de l'étude.

Ils soulignent toutefois que leurs travaux doivent être complétés par d'autres sur un plus grand nombre de malades et sur des malades plus divers. Ils notent ainsi ignorer si de tels résultats seraient obtenus avec des patients plus gravement atteints ou plus vulnérables, des patients âgés ou dont le système immunitaire est affaibli.

L’étrangeté du vivant : avez-vous déjà vu une tortue fondue ?


La tortue de Cantor ne correspond pas du tout à l'idée classique que l'on se fait d'une tortue ! La carapace de cette espèce de tortue d'eau douce, vivant en Asie du Sud-Est, semble avoir fondu sous une lampe à infrarouge. Plate et molle, elle peut mesurer jusqu'à un mètre de long. Difficile de bouger dans ces conditions, mais la tortue de Cantor a trouvé la parade ! Elle reste immobile et enterrée sous les fonds des rivières, laissant juste poindre sa gueule et ses petits yeux pour attraper les poissons et crustacés qui passent devant elle. Elle remonte à la surface pour reprendre son souffle seulement deux fois par jour.

Avec ses quelque 60 kilos et sa carapace pas vraiment ergonomique, la tortue de Cantor subit de plein fouet les changements de son habitat mais aussi les accidents avec les bateaux de pêche, ou encore la chasse. Elle est répertoriée comme une espèce menacée (EN) sur la liste de l’IUCN. La tortue de Cantor appartient au genre Pelochelys qui s'est séparé des autres tortues il y a 40 millions d'années. Deux autres espèces, Pelochelys bibroni et Pelochelys signifera, avec qui elle partage son étrange carapace molle et lisse ainsi que sa tête étrange, complètent ce genre.

La tortue de Cantor est reconnaissable entre mille avec sa carapace complètement plate et lisse, et sa drôle de tête. Malheureusement, elle est très rare et menacée de disparition. © David Emmett 


Deux fois par semaine, la chronique « Étrangeté du vivant » vous présente les espèces les plus insolites, belles et/ou étranges, qui peuplent notre planète Terre. Ces espèces souvent méconnues ont des modes de vie et des caractéristiques fascinantes. Qu'elles soient animales, végétales, fongiques ou encore microcrospiques, nous vous invitons à les découvrir dans cette nouvelle chronique.

Étrangeté du vivant : voici la grenouille la plus étrange du monde


Breviceps macrops est l'une des dix-huit espèces d'amphibien du genre Breviceps. Elle est connue pour son cri atypique. © elineye, Flickr 


Cette grenouille, avec son air mécontent, son corps arrondi et ses pattes courtes, ne ressemble à aucune autre espèce d'amphibien. Appelée « rain frog » en anglais ou « grenouille des pluies du désert » en français, elle appartient au genre Breviceps, qui regroupe dix-huit espèces de grenouille vivant dans les régions arides et semi-arides d'Afrique. Elles partagent toutes ce physique atypique.

L'espèce Breviceps macrops ne se promène qu'à la nuit tombée pour chercher les insectes dont elle se nourrit. Comme les autres grenouilles, la couleur de sa peau lui sert de camouflage. Mais la comparaison s'arrête là. Alors qu'il est habituel de croiser des grenouilles en forêt ou dans les milieux humides, Breviceps macrops vit dans le désert le long des côtes de la Namibie. Elle se terre dans le sable humide en journée pour se protéger de la chaleur. Pour encore accentuer l'étrangeté de cette espèce d'amphibien, elle ne coasse pas mais couine !

Cette vidéo prise par Dean Boshoff a popularisé cette espèce méconnue de grenouille. Son cri qui rappelle celui d'un jouet a fait le tour du monde. © Dean Boshoff, YouTube


Deux fois par semaine, la chronique « Étrangeté du vivant » vous présente les espèces les plus insolites, belles et/ou étranges, qui peuplent notre planète Terre. Ces espèces souvent méconnues ont des modes de vie et des caractéristiques fascinantes. Qu'elles soient animales, végétales, fongiques ou encore microcrospiques, nous vous invitons à les découvrir dans cette nouvelle chronique.

La carte en couleur des bactéries sur votre langue


Principales espèces de bactéries constituant le microbiote de la langue
© Steven Wilbert et al., Cell Reports, 2020 



Un fleuve et ses sédiments vu du ciel ? Une radio pulmonaire colorisée ? Pas du tout : l'image ci-dessus est une cartographie des communautés bactériennes présentes sur votre langue. Car celle-ci est un vrai nid à microbes. Notre bouche abrite plusieurs milliards de bactéries, formant le microbiote le plus abondant du corps humain après celui de l'intestin. On en trouve dans la salive, sur les dents et les gencives, mais surtout sur la langue, le lieu parfait où les bactéries peuvent adhérer et se développer. Mais attention : pas question de se loger n'importe où. Chaque espèce de bactérie s'installe sur son bout de langue réservé, viennent de découvrir des chercheurs américains dans une étude publiée dans la revue Cell Reports.

« Jusqu'à présent, les études du microbiote buccal se basaient sur le séquençage de l'ADN. Mais cette méthode nécessite de broyer les échantillons pour extraire l'ADN, ce qui détruit toute la structure spatiale des communautés bactériennes, explique Gary Borisy, du Forsyth Institute et de la Harvard School of Dental Medicine. Or, les bactéries de la langue sont bien plus qu'un simple amas aléatoire. Elles constituent un véritable organe de notre corps. »

Microbiote buccal : un jeu complexe de microbes et de chimie

L'organisation spatiale des communautés microbiennes de la bouche est affectée par de nombreux facteurs comme la température, l'humidité, le flux salivaire, le pH, l'oxygène et les perturbations telles que l'abrasion ou l'hygiène bucco-dentaire. De plus, les microbes influencent leurs voisins en produisant des métabolites, des nutriments et des molécules inhibitrices telles que le peroxyde d'hydrogène et les peptides antimicrobiens. « En occupant l'espace de manière organisée, les communautés microbiennes peuvent physiquement s'exclure les unes les autres des "meilleures" places », expliquent les chercheurs. À l'inverse, leurs surfaces présentent des sites de liaison auxquels d'autres microbes peuvent adhérer. Il en résulte une auto-organisation parfaitement millimétrée, où chaque communauté gagne ou perd des territoires au fur et à mesure du développement bactérien. Un véritable jeu de Risk !


Les bactéries s’auto-organisent sur la langue au fur et à mesure du développement de leur communauté. © Steven Wilbert et al., Cell Reports, 2020


À chacune son territoire

Pour mieux comprendre cette organisation complexe, les chercheurs ont eu recours à une nouvelle technique baptisée Clasi-Fish (Combinatorial Labeling and Spectral Imaging-Fluorescence in situ Hybridization), consistant à marquer chaque type de bactérie avec une ou plusieurs protéines fluorescentes. À partir des échantillons de 21 individus, ils ont ainsi pu identifier 17 genres principaux de bactéries présents sur notre langue. La localisation de ces taxons est parfaitement définie : les Actinomyces se regroupent vers le bout de la langue et le noyau central, les Rothias apparaissent sous forme de grandes taches vers l'extérieur, tandis que les Streptococcus forment une fine croûte sur le pourtour de la langue, s'infiltrant également vers l'intérieur.

Les chercheurs ont également constaté que les bactéries prédominantes sur la langue (Actinomyces, S. Neisseria, Rothia et Veillonella) sont celles capables de réaliser une réduction des nitrates. « Il est ainsi possible que de petites aspérités présentes sur la langue soient là pour favoriser l'adhésion de ces bactéries spécifiques, afin d'assurer la transformation des nitrates de la salive en nitrites, une fonction non assurée par l'organisme humain », suggèrent les auteurs.

Étrangeté du vivant : ce dauphin aurait-il perdu son aileron dorsal ?


Trois dauphins aptères australes photographiés au large de la pointe sud du Chili. © Domaine public 


Le dauphin aptère australe (Lissodelphis peronii) parcourt les eaux circumpolaires de l'hémisphère Sud. Sa couleur noire et blanche lui confère une allure particulièrement élégante, renforcée par l'absence d'aileron dorsal ! C'est le seul dauphin dans cette partie du globe qui en est dépourvu.

L'absence d'aileron dorsal ne semble pas le gêner pour nager. Lors de ses pointes de vitesse, il fait des petits bonds hors de l'eau à l'image des manchots. Quand il nage plus lentement, son dos noir et lisse où aucun aileron ne dépasse le rend presque invisible en surface. Il se nourrit de krill, de petits poissons et de calamar. Si vous voyagez en Nouvelle-Zélande, au Chili ou en Namibie, vous aurez peut-être une chance de l'apercevoir, encore faudra-t-il le repérer !

Étrangeté du vivant : avez-vous déjà vu un insecte qui porte un casque ?


Avec leur casque vissé sur la tête, les membracides ont un aspect unique dans le monde des insectes. Les insectes appartenant au genre Bocydium utilisent leur étrange couvre-chef dans un but bien précis. En effet, aux yeux des prédateurs, les appendices noirs globuleux que porte l'espèce Bocydium sp. sont un signe de danger car ils imitent la forme d'un champignon mortel pour les insectes. Le prédateur du Bocydium y réfléchira à deux fois avant de l'attaquer !

Même si ça ne saute pas aux yeux, le casque des membracides est en réalité une troisième paire d’ailes ! En 2011, une équipe du CNRS de Marseille s'est intéressée à cette structure, qui peut prendre des formes plus que variées. Contrairement à la corne du scarabée, le casque des membracides n'est pas un prolongement du squelette externe mais bien un appendice unique. Il est articulé au premier segment du thorax et se divise à partir de deux bourgeons, comme les ailes !

Un Bocydium sp. sur une feuille dans une forêt tropicale d'Équateur. © Andreas Kay, Flickr 


Deux fois par semaine, la chronique « Étrangeté du vivant » vous présente les espèces les plus insolites, belles et/ou étranges, qui peuplent notre planète Terre. Ces espèces souvent méconnues ont des modes de vie et des caractéristiques fascinantes. Qu'elles soient animales, végétales, fongiques ou encore microcrospiques, nous vous invitons à les découvrir dans cette nouvelle chronique.

L'étrangeté du vivant : avez-vous déjà vu un coquillage XXL ?


Parfois, le monde du vivant n'a rien à envier à la littérature de science-fiction. C'est le cas du panope du Pacifique (Panopea generosa) qui, avec son siphon charnu pouvant mesurer un mètre, rappelle  le ver géant de l'œuvre culte de Frank Herbert, Dune. À défaut d'être le seigneur du désert, le panope du Pacifique est le roi des bivalves. Il est le plus imposant de cette classe de mollusque et peut vivre plus de 150 ans. Il se nourrit en aspirant du plancton grâce à son siphon ; sa coquille, qui peut atteindre 20 centimètres de long, reste enfouie dans les fonds marins.

Le panope du Pacifique vit sur la côte Pacifique des États-Unis, essentiellement dans une région allant de l'état de Washington au sud de l'Alaska. Là-bas, il n'a que très peu de prédateurs, seules les loutres peuvent le sortir de sa cachette. De son côté, l'Homme a vu dans son siphon épais et charnu de quoi faire des mets raffinés et appréciés dans la cuisine asiatique. Selon certains, son aspect phallique lui conférerait des vertus aphrodisiaques. Une réputation renforcée par sa fécondité extrême, puisque la femelle panope du Pacifique produit jusqu'à 5 milliards d'ovules au cours de sa longue existence.


Étrangeté du vivant : cette araignée semble avoir été sculptée par l'Homme


Cyclocosmia ricketti, une espèce d'araignée bien étrange dont l'abdomen fait penser à une pièce de bois sculptée
© IST 


Comme toutes les araignées, Cyclocosmia ricketti possède huit pattes et deux chélicères mais contrairement aux autres, son abdomen se termine par un étrange disque plat qui lui vaut le surnom d'araignée sablier. Très rare en Chine, elle n'aurait été observée qu'une dizaine de fois depuis les années 2000. En 2016, un fermier chinois en croise une dans son champ et l'attrape pensant alors qu'il s'agissait d'une relique à cause de sa couleur sombre et de sa forme étrange. En effet, son dos semble avoir été sculpté comme du bois.

Le genre Cyclocosmia regroupe dix espèces d'araignées mygalomorphes qui partagent la même particularité physique. Pour chaque espèce, le motif au dos de l'abdomen varie. On peut les retrouver en Chine mais aussi en Amérique du nord et du sud. Ce sont des araignées fouisseuses qui passent la majeure partie de leur vie dans des terriers souterrains. Bien que rares, elles sont connues depuis des millénaires en Chine. En effet, un dictionnaire chinois datant du deuxième siècle avant notre ère contient une description de cet arachnide.

Étrangeté du vivant : avez-vous déjà vu une limace hérissée de piquants ?


Les nudibranches, ou limaces de mer, constituent un ordre de mollusques gastéropodes marins particulièrement beaux. Ici, Flabellina iodinea. © Jerry Kirkhart, Wikimédia Commons, CC by-sa 2.0 


Parfois les créatures qui vivent sur Terre, et surtout sous les océans, n'ont pas à pâlir face à celles de la science-fiction. C'est le cas pour une incroyable classe de gastéropodes, les nudibranches. Celles qu'on appelle limaces de mer n'ont rien à voir avec leur cousine terrestre. Leur forme, leur couleur sont si diverses qu'on pourrait leur consacrer une chronique entière.

La première espèce de ces créatures étrangement belles que nous souhaitons vous faire découvrir est Flabellina iodinea. Il s'agit d'un nudibranche éolidien dont la particularité est d'avoir un corps allongé dont le dos est couvert d'appendices fuselés, appelés cérates. Chez Flabellina iodinea, ils sont d'un rouge flamboyant !

Ces appendices ne sont pas là pour des raisons esthétiques mais permettent à la limace de mer de respirer, ce sont ses branchies. Les cérates sont aussi un prolongement de la glande digestive. Enfin, ils permettent à la limace de mer de se défendre puisqu'ils contiennent des cellules urticantes. Vous pourrez la rencontrer lors d'une plongée dans la Méditerranée, parmi les nombreuses autres espèces qui y vivent.

Et si ton chien polluait plus qu'un gros 4X4 ?!


Le chien produit-il davantage de CO2 en comparaison à une grosse voiture? C’est la question que soulèvent deux architectes dans une étude et leur conclusion est pour le moins inattendue



Dans la série «Je t'explique pourquoi», Valentina te révèle des infos insolites dont personne ne se doute. Cette semaine, elle te parle d'écologie.

Un couple de chercheurs a étudié l'empreinte carbone des animaux domestiques les plus répandus, en prenant en compte les ingrédients de leur alimentation et l'espace nécessaire à leur fabrication. Les résultats son bluffants.

Vous détestez les gros 4x4 mais vous aimez votre chien? Attention, il se pourrait bien que votre beau toutou soit lui aussi une machine à CO2 par son mode de vie et la nourriture que vous lui donnez.

Ils ont donc imaginé un mode de calcul un peu complexe afin de mesurer l'empreinte carbone nécessaire pour posséder un chien comme animal de compagnie. A moins que votre chien ne se nourrisse exclusivement de gibier qu'il chasse lui-même dans votre jardin, il lui faudrait en effet de la nourriture comme celle qu'on trouve dans les grandes surfaces au rayon chien. Et c'est précisément là que le bilan carbone se complique.

Dans leur étude publiée au New Scentist, les deux chercheurs mesurent la surface nécessaire pour produire la nourriture du chien en comptant toutes les étapes nécessaires à cette production. Ils la comparent alors à la surface nécessaire pour produire un gros Toyota Land Cruiser et circuler avec sur une distance de 10 000 kilomètres par an, en comptant sa consommation et la construction de la voiture. En terme de surface, le chien nécessite 0,84 hectares par an pour sa nourriture et le Land Cruiser, 0,41 hectares par an.

En admettant que cette méthode de conversion de l'empreinte CO2 en surface nécessaire soit valable -elle a été confirmée par une autre étude du Stockholm Environnent Institute- cela signifierait donc qu'un chien possède une empreinte carbone deux fois plus importante qu'un gros SUV qui se contente de petits trajets urbains.

A noter que cette étude s'intéresse aussi aux autres animaux de compagnie: un chat serait un peu plus écolo, son empreinte carbone annuelle serait comparable à celle d'une Volkswagen Golf. Celle d'un hamster serait de l'ordre de l'écran plasma et celle d'un poisson rouge, de l'ordre de deux téléphones portables.

Vous vous moquez de l'empreinte carbone? Promenez donc votre chien au volant de votre SUV. Dans le cas inverse, songez peut-être à le manger...

Valentina San Martin

La pollution de l'air est une « autoroute » pour le coronavirus


La pollution a constitué un vecteur important de l'accélération de la propagation du coronavirus en Italie, rapporte une étude. Non seulement les particules fines jouent le rôle de « transporteur » pour le virus, ce qui remet en cause la distance de sécurité d'un mètre, mais elles fragilisent les personnes vulnérables et aggravent les symptômes du Covid-19.

La vitesse fulgurante à laquelle s'est propagée l'épidémie de coronavirus en Italie pourrait s'expliquer en partie par la pollution, selon une étude de la Société italienne de médecine environnementale (Sima). Les médecins, qui ont collaboré avec les universités de Bari et de Bologne, ont mis en parallèle les nouveaux cas de contagion au Covid-19 et les dépassements des limites légales pour les concentrations de particules fines PM10 dans les différences provinces italiennes enregistrés entre le 10 et le 29 février -- en prenant en compte le temps d'incubation du virus.

Une accélération anormale de l’épidémie dans le nord de l’Italie

« Dans la vallée du Pô, on observe une "accélération anormale" de l'expansion de l'épidémie correspondant à une forte concentration de particules fines deux semaines plus tôt, indique Leonardo Setti, de l'Université de Bologne, au journal La Repubblica. La poussière fait ainsi office "d'autoroute" pour le virus ».

L'effet est particulièrement marqué dans les provinces où ont démarré les premiers foyers d'infection, notent les chercheurs. Brescia, l'une des villes les plus polluées du pays, figure ainsi parmi les villes les plus frappées par l'épidémie. À l'inverse, Rome, où des cas de coronavirus ont été découverts en même temps que dans le nord du pays, a connu une propagation de la maladie bien plus lente.

On observe une forte corrélation entre le niveau de pollution aux particules PM10 et le nombre de contaminations (cartes à droite) 15 jours plus tard. © Sima 


La distance de sécurité d’un mètre remise en cause ?

Mais ce n'est pas tout. « En plus d'être un vecteur de l'épidémie, les particules fines constituent un substrat qui permet au virus de rester dans l'air dans des conditions viables pendant plusieurs heures voire plusieurs jours », affirment les chercheurs. Ce qui remettrait en cause les mesures de précaution instaurées par les pouvoirs publics. « La distance actuelle considérée comme sûre (un mètre) n'est sans doute pas suffisante », avance ainsi Alessandro Miani, président de la Sima, dans le quotidien Il Sole 24 Ore.

84 % de risques en plus de mourir dans les zones polluées

Outre leur rôle dans la propagation des épidémies, la pollution est également un facteur fragilisant de l'état de santé. Elle augmente le risque d'accident vasculaire cérébral, de cardiopathie, de cancer du poumon et de maladies respiratoires aiguës. Une étude de l’Inserm a également montré qu'une forte concentration en particules fines est étroitement associée à une sévérité accrue des rhinites. La pollution entraînerait aussi un dysfonctionnement du système immunitaire, rapporte l'Anses. En 2003, une étude portant sur l’épidémie de SRAS en Chine soulignait déjà que les patients vivant des zones polluées avaient 84 % de risques en plus de mourir que dans d'autres régions moins exposées à la pollution.

Le beau temps, facteur aggravant de la pollution

Afin de freiner l'épidémie, il faut « réduire les émissions de particules au minimum et espérer une météorologie favorable », insiste Alessandro Miani. Ces derniers jours, une chute drastique de la pollution a été observée en Italie due aux mesures de confinement et de restrictions de la mobilité. Cette baisse devrait logiquement aboutir à une diminution de la propagation, espèrent les chercheurs. « D'après les données dont nous disposons, nous nous attendons à une stabilisation du nombre de personnes infectées entre le 25 mars et le 15 avril », estiment les chercheurs sur le site de la Rai.

Pas gagné... À Paris, la mise en place du confinement n'a pas empêché une dégradation de la qualité de l'air. Entre le 5 et le 18 mars, le taux de particules PM10 a même triplé dans la capitale, en raison notamment du beau temps et du manque de vent.

Céline Deluzarche

Novartis offre 130 millions de doses de chloroquine pour contrer covid-19


Le laboratoire suisse Novartis s'est dit prêt vendredi à offrir jusqu'à 130 millions de doses de chloroquine, un traitement contre le paludisme potentiellement efficace dans la lutte contre le nouveau coronavirus.

Dans un communiqué le groupe pharmaceutique a annoncé «son engagement à fournir jusqu'à 130 millions de doses de 200 mg d'ici la fin mai quand les autorités de régulation auront donné leur accord pour son utilisation au profit de patients infectés par le Covid-19».

Il indique qu'il sollicitera des licences auprès de la Food and Drug Administration (FDA), l'organisme fédéral qui supervise la commercialisation des médicaments aux Etats-Unis, et des agences européennes, tout en s'assurant, notamment auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), «du large accès des patients qui auront le plus besoin de ce médicament dans le monde».

Également utilisée depuis des décennies dans les maladies auto-immunes de type lupus ou polyarthrite rhumatoïde, la chloroquine est un antipaludéen peu cher utilisé depuis plusieurs décennies.

Ce traitement est souvent recommandé lorsque l'on prévoit de se rendre en zone infestée par le parasite du paludisme, transmis par les moustiques. Selon une étude chinoise publiée mi-février, un essai clinique mené dans une dizaine d'hôpitaux a donné des résultats prometteurs avec des tests sur plus de 100 patients.

Plusieurs essais sont actuellement en cours, notamment aux Etats-Unis et en France, pour confirmer ou infirmer ces hypothèses et mesurer les effets secondaires éventuels de la chloroquine dans le traitement du Covid-19. D'autres laboratoires, dont le français Sanofi et l'israélien Teva, ont annoncé vouloir fournir des stocks d'hydroxychloroquine.

Au cours des 40 dernières années, le nombre de vers parasites des sushis a été multiplié par 283


Vers d’anisakis infectant un merlan bleu. Si la parasitose associée n’est pas très sévère pour l’Homme, il n’en va pas de même pour les mammifères marins, où elle peut menacer certaines populations. Crédits : Gonzalo Jara


Emblèmes de la culture culinaire japonaise à travers le monde, les sushis — composés de riz vinaigré et de poisson cru ou de fruits de mer — sont consommés quotidiennement par des centaines de milliers de personnes. Une nouvelle étude de grande ampleur démontre cependant que leur consommation n’est pas toujours sans risques. En effet, les chercheurs montrent qu’un parasite infectant habituellement les poissons et fruits de mer utilisés pour préparer les sushis a vu son nombre multiplié par 283 au cours des 40 dernières années. Bien que la parasitose associée ne soit pas véritablement dangereuse pour l’Homme, il n’en va pas de même pour les mammifères marins qui peuvent également être infectés.

Une nouvelle étude menée par l’Université de Washington révèle une augmentation spectaculaire de l’abondance d’un ver qui peut être transmis aux humains via la consommation de fruits de mer crus ou insuffisamment cuits. Cette augmentation de 283 fois en abondance depuis les années 1970 pourrait avoir des implications pour la santé des humains et des mammifères marins, qui peuvent tous deux manger le ver par inadvertance.

Des milliers d’articles ont examiné l’abondance de ce ver parasite, connu sous le nom d’Anisakis ou « ver de hareng », mais il s’agit de la première étude à combiner les résultats de ces articles pour étudier comment l’abondance mondiale de ces vers a changé au fil du temps. Les résultats ont été publiés dans la revue Global Change Biology.

« Cette étude exploite la puissance de nombreuses recherches distinctes pour montrer une image globale du changement sur une période de près de quatre décennies. C’est intéressant parce qu’elle révèle comment les risques pour les humains et les mammifères marins évoluent au fil du temps. C’est important de le savoir du point de vue de la santé publique, et pour comprendre ce qui se passe avec les populations de mammifères marins qui ne prospèrent pas », déclare Chelsea Wood, biologiste à l’UW School of Aquatic and Fishery Sciences.

Des crustacés aux humains et mammifères marins : la chaîne d’infection des vers anisakis

Malgré leur nom, les vers de hareng peuvent être trouvés chez une variété d’espèces de poissons marins et de calmars. Lorsque les gens mangent des vers de hareng vivants, le parasite peut envahir la paroi intestinale et provoquer des symptômes qui imitent ceux de l’intoxication alimentaire, tels que nausées, vomissements et diarrhée. Dans la plupart des cas, le ver meurt après quelques jours et les symptômes disparaissent.

Cycle d’évolution d’Anisakis. Les vers se reproduisent dans les intestins des mammifères marins et sont libérés dans l’océan via leurs excréments. Après l’éclosion des vers dans l’eau, ils infectent d’abord les petits crustacés tels que le krill. Lorsque de petits poissons mangent les crustacés infectés, les vers se transfèrent ensuite vers leur corps, et cela continue tandis que les gros poissons mangent des poissons infectés plus petits. Les humains et les mammifères marins peuvent être infectés lorsqu’ils mangent un poisson qui contient les vers. Crédits : Wood et al. Biologie du changement global, 2020



Cette maladie, appelée anisakiase ou anisakidose, est rarement diagnostiquée, car la plupart des gens supposent qu’ils ont simplement souffert d’une intoxication alimentaire. Après l’éclosion des vers dans l’océan, ils infectent d’abord les petits crustacés, comme les crevettes ou les copépodes. Lorsque de petits poissons mangent les crustacés infectés, les vers les infectent à leur tour, et cela continue tandis que les gros poissons mangent des poissons infectés plus petits.

Les humains et les mammifères marins sont infectés lorsqu’ils mangent un poisson qui contient des vers. Les vers ne peuvent pas se reproduire ou vivre plus de quelques jours dans l’intestin d’un être humain, mais ils peuvent persister et se reproduire chez les mammifères marins.

Maintenir une vigilance concernant la consommation de sushis

Les transformateurs de fruits de mer et les chefs préparant des sushis sont bien entraînés à repérer les vers dans le poisson et à les enlever avant qu’ils n’atteignent les clients dans les épiceries, les marchés de fruits de mer ou les bars à sushi. Les vers peuvent mesurer jusqu’à 2 centimètres de long. « À chaque étape de la transformation des fruits de mer et de la préparation des sushis, les intermédiaires parviennent généralement bien à repérer les vers et les retirer du poisson », explique Wood.

Certains vers peuvent toutefois passer à travers ces étapes de dépistage. Wood recommande donc de couper chaque pièce en deux et de rechercher des vers avant de les manger.

Un risque important pour les populations de mammifères marins

Pour l’analyse, les auteurs de l’étude ont recherché dans la littérature publiée archivée en ligne toutes les mentions de vers Anisakis, ainsi qu’un autre ver parasite appelé Pseudoterranova, ou « ver de morue ». Ils ont réduit les études sur la base de critères définis, ne conservant finalement que les études qui présentaient des estimations de l’abondance de chaque ver dans le poisson à un moment donné. Alors que le nombre de vers Anisakis a été multiplié par 283 au cours de la période d’étude de 1978 à 2015, l’abondance des vers Pseudoterranova n’a pas changé.

Bien que les risques pour la santé de la parasitose soient assez faibles pour les humains, les biologistes pensent qu’ils peuvent avoir un impact important sur les mammifères marins tels que les dauphins, les baleines et les phoques. Les vers se reproduisent dans les intestins de ces animaux et sont libérés dans l’océan via les excréments des mammifères marins.

Bien que les chercheurs ne connaissent pas encore les impacts physiologiques de ces parasites sur les mammifères marins, les parasites peuvent vivre dans le corps des mammifères pendant des années, ce qui pourrait avoir des effets néfastes. « L’une des implications importantes de cette étude est que nous savons maintenant qu’il existe un risque sanitaire croissant et massif pour les mammifères marins », indique Wood.

Une augmentation du nombre de vers potentiellement proportionnelle à la pérennité des mammifères marins

Les auteurs ne savent pas ce qui a causé la forte augmentation des vers Anisakis au cours des dernières décennies, mais le changement climatique, plus de nutriments provenant des engrais et du ruissellement et une augmentation des populations de mammifères marins au cours de la même période pourraient être des raisons potentielles.

Les mammifères marins sont protégés en vertu de la Marine Mammal Protection Act depuis 1972, qui a permis à de nombreuses populations de phoques, d’otaries, de baleines et de dauphins, de croître. Parce que les vers se reproduisent à l’intérieur des mammifères marins — et que leur augmentation s’est produite au cours de la même période que l’augmentation des mammifères —, c’est l’hypothèse la plus plausible, selon Wood.

« L’augmentation des vers parasites pourrait en fait être une bonne chose, un signe que l’écosystème se porte bien. Mais, ironiquement, si une population de mammifères marins augmente en réponse à la protection et que ses parasites Anisakis profitent de cette augmentation, cela pourrait rendre d’autres populations de mammifères marins plus vulnérables à l’infection, ce qui pourrait rendre encore plus difficile le rétablissement de ces populations en danger ».

Étrangeté du vivant : cette espèce ressemble à une peluche cuirassée


Au cœur de l'Argentine se cache un petit animal insolite, le tatou tronqué (Chlamyphorus truncatus). Long de 15 centimètres pour seulement 120 grammes sur la balance, c'est la seule espèce du genre Chlamyphorus et le plus petit des tatous.

Sous sa carapace dorsale rose pâle, se cachent des poils blancs longs et soyeux. Ses deux pattes avant sont puissantes et lui permettent de creuser les galeries dans lesquelles il vit. Ses yeux sont minuscules et lui valent le surnom de « pichi ciego » qui signifie petit tatou aveugle, en argentin. Tout comme sa vision limitée, le tatou tronqué ne possède pas de pavillon auditif externe.

On sait peu de chose sur cette espèce insolite, découverte en 1825 par Richard Harlan, et qui ne sort que la nuit. C'est une énigme et sa reproduction reste un mystère total.

Un spécimen de tatou tronqué photographié en Argentine. © Pablo Rinaudo 


Deux fois par semaine, la chronique « Étrangeté du vivant » vous présente les espèces les plus insolites, belles et/ou étranges, qui peuplent notre planète Terre. Ces espèces souvent méconnues ont des modes de vie et des caractéristiques fascinantes. Qu'elles soient animales, végétales, fongiques ou encore microcrospiques, nous vous invitons à les découvrir dans cette nouvelle chronique.

La chloroquine, une piste pour lutter contre le SARS-CoV-2


Image d'illustration.  — © XU CONGJUN/Keystone


Une vingtaine d’essais cliniques sont en cours en Chine pour évaluer l’effet de cet antipaludéen. Les résultats préliminaires d’un essai français semblent probants, mais cette approche thérapeutique ne fait pas l’unanimité.

La course aux traitements contre le nouveau coronavirus a remis sur le devant de la scène la chloroquine (Nivaquine), un antipaludéen commercialisé depuis 70 ans. En Chine, près d’une vingtaine d’essais cliniques sont en cours pour explorer l’efficacité de cette molécule ou d’un analogue, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), chez des patients infectés par le SARS-CoV-2, selon le registre chinois des essais cliniques.

En France, une étude clinique vient d’être lancée par le professeur Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (Marseille) et membre du conseil scientifique dédié au nouveau coronavirus qui vient d’être mis en place par le ministre de la Santé. Evoqués le lundi 16 mars dans une vidéo par ce dernier, les résultats préliminaires semblent spectaculaires: au bout de six jours de traitement par Plaquenil, 25% seulement des patients seraient encore porteurs du virus, la proportion étant de 90% chez ceux ne recevant pas le traitement. La charge virale après six jours serait encore plus basse chez les malades traités en plus par un antibiotique, l’azithromycine.

Antipaludéen de synthèse mis au point dans les années 1930 en Allemagne, la chloroquine a été commercialisée en 1949. Elle a d’abord été une arme essentielle de prévention et de traitement du paludisme, puis son utilisation a décliné en raison du développement de résistances des plasmodiums et de la mise au point d’autres médicaments. La chloroquine et, surtout, l’hydroxychloroquine sont aussi indiquées dans le cas de maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, ainsi qu’en prévention des lucites (allergies au soleil).

«Pragmatisme» des Chinois

Les rares publications scientifiques concernant l’effet de ces molécules sur le SARS-CoV-2 sont, pour l’instant, issues du premier pays touché chronologiquement par le virus: la Chine. Un premier article publié le 25 janvier dans la revue Cell Research fait état d’une grande efficacité in vitro de la chloroquine sur ce virus. Rapidement, des essais cliniques ont été lancés en Chine et des résultats préliminaires positifs portant sur une centaine de malades ont été annoncés lors d’une conférence de presse le 15 février, puis repris le 19 février dans une lettre au journal spécialisé BioScience Trends, sans données chiffrées.

Fin février, Zhong Nanshan, un scientifique de renom et le principal conseiller médical du gouvernement chinois sur le sujet, a précisé, lors d’une conférence de presse, que le SARS-CoV-2 devenait indétectable en quatre jours chez les malades traités par chloroquine (alors que le temps moyen d’excrétion chez des patients dans d’autres études serait de l’ordre de douze, voire de vingt jours).

Louant le pragmatisme des Chinois, Didier Raoult a lancé un essai clinique, qui a reçu l’approbation d’un comité de protection des personnes (CPP) et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Prévue chez 24 malades, l’étude évalue les effets de 600 mg d’hydroxychloroquine par jour pendant dix jours sur la durée d’excrétion du virus et la sévérité de l’infection. Il s’agit d’un essai ouvert, l’évolution des malades inclus étant comparée à celle de patients pris en charge ailleurs et traités de façon symptomatique. Dans sa présentation, le professeur Raoult ne précise pas si les résultats qu’il a obtenus portent sur l’ensemble des malades inclus dans le protocole; une publication scientifique est attendue.

Pour ce spécialiste des maladies infectieuses, il y a suffisamment d’arguments pour utiliser dès maintenant ce traitement, très peu onéreux, chez des malades du Covid-19. «En Chine, en Iran, en Corée du Sud, en Arabie saoudite, l’hydroxychloroquine et la chloroquine font déjà partie des protocoles thérapeutiques, conseillés par des experts, pour certains de renommée mondiale. Il y a urgence à organiser de telles recommandations en France, et c’est ce que j’ai proposé aux autorités sanitaires», indique-t-il.

Hautement toxique en cas de surdosage

D’autres spécialistes français sont cependant partagés sur l’efficacité antivirale de ces molécules et sur leur rapport bénéfice-risque. L’une des questions notamment posées est celle du risque d’intoxication à forte dose. La chloroquine, considérée comme un médicament à marge thérapeutique étroite, est «hautement toxique en cas de surdosage, particulièrement chez les enfants», écrit le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) sur son site, dans un texte daté du 5 mars. La gravité de l’intoxication aiguë «provient du caractère précoce et brutal de survenue des troubles cardiovasculaires», souligne le réseau.

«Chez l’adulte, la dose dangereuse est estimée à partir de 2 g de chloroquine en une prise.» Une dose à comparer avec les 500 mg deux fois par jour recommandés dans le protocole chinois de traitement du Covid-19. «En l’état des connaissances actuelles, […] la chloroquine ne présente pas une balance bénéfice-risque favorable dans la prise en charge des infections à coronavirus Covid-19, estime le réseau des CRPV. Ainsi, son utilisation dans cette indication doit donc être actuellement exclue, en dehors d’essais cliniques ou de prises en charge spécialisées.»

La chloroquine est par ailleurs soupçonnée d’être génotoxique, c’est-à-dire d’avoir un effet délétère sur les gènes. Les documents officiels d’information de cette molécule et de l’hydroxychloroquine – toutes deux commercialisées par Sanofi – stipulent désormais que les femmes et hommes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et jusqu’à huit mois après son arrêt. La chloroquine ne doit pas être administrée pendant la grossesse, sauf en l’absence de thérapeutique plus sûre. Des précautions jugées excessives par des professionnels de santé, mais qui, après l’affaire de la Dépakine (responsable de malformations et de troubles du neurodéveloppement chez les enfants de femmes traitées avec cet antiépileptique pendant leur grossesse), ont de quoi interroger, si la Nivaquine et le Plaquenil devaient être prescrits largement dans un contexte d’épidémie.

Sandrine Cabut

Des chercheurs néerlandais découvrent un anticorps contre SARS-CoV-2


Toute l’actualité mondiale tourne autour du terrible virus qui touche tous les pays. Un virus qui n’épargne personne et qui oblige les citoyens à se confiner. Des chercheurs néerlandais ont cependant fait une découverte qui pourrait redonner espoir aux populations et contrer le coronavirus !

La plupart des laboratoires du monde s’attellent à trouver un remède pour lutter contre le coronavirus, qui a plongé plusieurs pays dans un confinement inévitable. Un groupe de dix chercheurs a trouvé un anticorps qui bloquerait l’infection de SARS-CoV et de SARS-CoV-2, comme le rapporte Trust My Science. « Il s’agit du tout premier anticorps qui, nous le savons avec fortes évidences, bloque l’infection » explique le Docteur Frank Grosveld, qui fait partie de l’équipe de chercheurs. Ce dernier ajoute que la découverte pourrait donner « lieu à un médicament pour la commercialisation » .  Selon les chercheurs qui ont identifié l’anticorps, la découverte serait d’une grande aide dans la lutte contre l’épidémie du coronavirus.

Même si les chercheurs semblent certains de l’efficacité de cet anticorps, il faudra être encore être un peu plus patient avant d’avoir des réponses complètes. Mais si les résultats sont véridiques, alors la lutte contre le coronavirus pourrait prendre un nouveau tournant. « Nous essayons à présent de faire participer une société pharmaceutique qui puisse produire en masse l’anticorps en tant que médicament, à grande échelle. Il s’agit du tout premier anticorps que nous connaissons qui bloquera l’infection, et il y a de fortes chances qu’il devienne également un médicament disponible sur le marché » poursuit le Docteur Grosveld.

Beaucoup de chercheurs s’accordent à dire que le véritable remède contre le coronavirus reste un vaccin. Mais face au délai de mise en place et sur le marché d’un vaccin, « la découverte de l’anticorps (est) cruciale face à la pandémie actuelle » , comme l’annoncent des chercheurs de Rotterdam et d’Utrecht.

Les personnes de groupe sanguin A seraient plus sensibles au coronavirus


Certaines personnes développent des formes plus sévères que d'autres du virus de Covid-19. Les personnes avec un groupe O, les plus nombreuses, seraient à l'inverse moins affectées. Ce phénomène aurait la capacité de ralentir considérablement la propagation des coronavirus par rapport aux modèles habituels.

Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés pour le Covid-19. Le taux de mortalité augmente ainsi fortement chez les personnes âgées, les patients atteints de maladies chroniques respiratoires et cardiovasculaires. Le diabète, l’hypertension, l'obésité ou le tabagisme favorisent également les formes graves de la maladie. Une nouvelle étude mise en ligne sur le site MedRxiv met en lumière un nouveau paramètre : le groupe sanguin.

Groupe sanguin A : un taux de mortalité supérieur de 20 % au coronavirus

Avec ses collègues des hôpitaux de Wuhan et de Shenzhen, Wang Xinghuan a examiné le cas de 2.173 patients porteurs du SARS-CoV-2 et calculé que les personnes de groupe sanguin A présentent un taux de mortalité supérieur de 20 % à celui des autres groupes. À l'inverse, les patients de groupe O ont un taux de mortalité inférieur de 33 %. Même en prenant en compte l'âge et le sexe, ces différences demeurent. « Les patients de groupe sanguin A infectés par le virus SARS-CoV-2 doivent faire l'objet d'une vigilance accrue », insistent donc les chercheurs.

L’effet protecteur des anticorps anti-A

Ce constat avait déjà été établi lors de précédentes recherches sur le SRAS en 2003. Une étude de 2005 avait ainsi montré que les patients de groupe sanguin O étaient moins susceptibles de contracter la maladie. Un phénomène qui pourrait s'expliquer par la présence d'anticorps anti-A (absents chez les patients de groupe A et AB), qui bloquent l'interaction entre la protéine de surface du virus et l'enzyme 2 de conversion qui sert de récepteur cellulaire. « Les anticorps anti-A assurent ainsi une protection naturelle contre le virus », explique une équipe de chercheurs de l'Inserm (France), dans une autre étude parue en 2008 dans Glycobiology.

Nombre de cas et durée de l’épidémie 
A : sans effet de polymorphisme ABO 
B : Effet modéré du polymorphisme ABO
C : fort effet du polymorphisme ABO
© Patrice Guillon et al, Glycobiology, 2008 



Ces derniers ont également construit un modèle mathématique prenant en compte les différents groupes sanguins et constaté que le polymorphisme ABO « peut réduire considérablement la propagation du virus, en affectant à la fois le nombre de personnes infectées et la cinétique de l'épidémie». Car les groupes sanguins O et B (pourvus d'antigènes anti-A) sont majoritaires dans la population (bien que la fréquence varie fortement selon les régions et les types ethniques). En France par exemple, on compte 42 % de groupe O, 44 % de groupe A, 10 % de groupe B et 4 % de groupe AB.

Au niveau mondial, la répartition des groupes sanguins O, A, B et AB est de respectivement 45 %, 40 %, 11 % et 4 %. © Humdan, Adobe Stock, adaptation C.D pour Futura 


Les anticorps sanguins, un remède préventif aux épidémies de coronavirus ?

Cependant, le taux d'antigènes anti-A et anti-B a tendance à décroître au fil du temps dans les pays développés, « possiblement en raison de l'amélioration de l'hygiène, suggère l'étude. Il pourrait donc être intéressant d'augmenter les niveaux d'anti-A ou anti-B dans toutes les populations afin de ralentir et de limiter la propagation de certains pathogènes émergents. Cela pourrait constituer une stratégie de prévention efficace contre le SRAS mais aussi contre d'autres coronavirus, responsables d'une proportion importante des rhumes courants et qui peuvent contribuer à des infections plus graves des voies respiratoires ». L'étude, qui rappelons-le a été publiée en 2008, s'avère aujourd'hui prémonitoire.

Céline Deluzarche

Étrangeté du vivant : cet insecte transporte sa maison


Cette espèce de chenille de la famille des Psychés a construit une maison à partir de petits bouts de bois. © John Horstman, itchydogimages, Flickr 


La passion pour l'architecture des psychés, une famille de papillon, commence à l'état larvaire. Dès qu'il sort de son œuf, il récupère autour de lui des feuilles ou des brindilles avec lesquelles il se construit un cocon renforcé par de la soie. Il emporte alors sa maison avec lui dans tous ses déplacements. Chaque espèce construit un cocon spécifique, ce qui permet de les distinguer. Celle-ci a choisi de se construire une maison faite à partir de petits bouts de bois parfaitement empilés.

Pour préparer sa métamorphose, la chenille fixe solidement sa maison sur une branche et scelle l'entrée avec de la soie. À l'intérieur, elle se transforme en nymphe puis en adulte. La femelle, sans ailes, ne quittera jamais son foyer, puisqu'elle y pondra ses œufs. Quand ils écloront, les larves iront construire leur foyer.

Julie Kern

Le coronavirus est bien d’origine naturelle


Le coronavirus SARS-CoV-2 vu au microscope électronique. © Scripps 


Virus échappé d'un laboratoire... Bioterrorisme... Sur Internet, les rumeurs vont bon train. Mais les chercheurs ont analysé le génome du coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19. Il est d'origine naturelle.

Apparu en Chine, il est aujourd'hui responsable d'une pandémie de Covid-19. Plus de 70 pays sont touchés. Et les théories les plus folles circulent désormais sur Internet quant à son origine. Mais des chercheurs de l'institut de recherche Scripps (États-Unis) l'affirment : le coronavirus SARS-CoV-2 est le produit d'une évolution naturelle.

« Nous avons comparé les données publiques disponibles sur la séquence du génome du SARS-CoV-2 et celles disponibles également pour des souches de coronavirus connues. Nous avons fermement déterminé que le coronavirus, responsable de la pandémie de Covid-19, provient d'un processus naturel », déclare Kristian Andersen, professeur en immunologie et en microbiologie, dans un communiqué de l’institut de recherche Scripps.

Rappelons qu'il existe de nombreux coronavirus. Ils appartiennent à une famille de virus susceptibles de provoquer des maladies plus ou moins graves. L'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) que la Chine a connue en 2003 avait déjà été causée par un coronavirus. Tout comme celle de MERS contre laquelle l'Arabie Saoudite a dû lutter en 2012.

Peu de temps après le début de l'épidémie en Chine, les scientifiques chinois ont séquencé le génome du SRAS-CoV-2. Ils ont mis ces données à disposition des chercheurs du monde entier. Les études ont rapidement révélé une transmission interhumaine à partir d'une seule et unique introduction dans la population humaine.

Des caractéristiques qui excluent la manipulation génétique

Les chercheurs de l'institut de recherche Scripps se sont concentrés sur des caractéristiques révélatrices du coronavirus. Des caractéristiques portées par les protéines que les experts appellent les protéines spiculaires. Ils se sont plus exactement intéressés au domaine de liaison aux récepteurs (RBD) - une sorte de grappin qui adhère aux parois des cellules humaines - et au site de clivage - une sorte d'ouvre-boîte moléculaire qui permet au virus de se fissurer.

Selon les chercheurs, les protéines spiculaires du SRAS-CoV-2 sont tellement efficaces pour se lier aux cellules humaines qu'elles ne peuvent résulter que d'une sélection naturelle. Qu'elles ne peuvent pas être le produit du génie génétique.

Une conclusion étayée par la structure moléculaire générale du SRAS-CoV-2. Son squelette diffère en effet considérablement de ceux des coronavirus déjà connus. Et les chercheurs sont convaincus que, si quelqu'un cherchait à concevoir un nouvel agent pathogène, il le construirait à partir d'une épine dorsale connue pour causer des maladies.

« Les caractéristiques du coronavirus excluent la manipulation en laboratoire comme une origine potentielle pour le SRAS-CoV-2 », insiste Kristian Andersen. De quoi mettre fin à toute spéculation de manipulation de génie génétique délibéré.

Nathalie Mayer

Étrangeté du vivant : avez-vous déjà vu une fleur à tête de singe ?


Dracula simia, l'orchidée à tête de singe. © Public Domain 


Si vous avez l'impression de voir le visage d'un singe au centre de cette orchidée, vous n'êtes pas les seuls. Le botaniste Carlyle A. Lueren, qui a nommé cette espèce en 1978, s'est inspiré de ce drôle d'aspect pour la nommer : Dracula simia. Dracula veut dire « petit dragon » et fait référence aux deux longs éperons des deux longs sépales tandis que simia dérive du mot latin pour dire singe, « simius ». Auparavant, elle appartenait au genre Masdevallia.

Les 110 spécimens appartenant à la famille des « orchidées singes » ont toutes en commun le même aspect simiesque. On les retrouve naturellement dans les forêts montagneuses et humides de l'Équateur et du Pérou. Une fleur bien étrange qui devrait ravir les collectionneurs d'orchidées, bien qu'elles soient rares dans le commerce !

Julie Kern

Marcher plus prévient les risques de diabète et d’hypertension après 40 ans


La marche est une activité physique bénéfique et accessible à tous. © Monkey Business, Adobe Stock 


L'activité physique prévient du risque cardio-vasculaire, du diabète, de l'hypertension et, chez les femmes, fait reculer l'obésité mais c'est encore plus efficace si les séances de marche quotidienne sont augmentées entre 40 et 50 ans.

Des chercheurs de l'Université du Massachusetts ont analysé des données concernant 1.923 participants âgés en moyenne de 45 ans. On leur a demandé de porter un accéléromètre (un appareil qui mesure les mouvements) pendant une dizaine d'heures par jour, quatre jours durant au minimum. Les participants ont ensuite bénéficié d'un suivi pendant neuf années.

Leurs résultats, présentés au congrès 2020 de l'American Heart Association (Epidemiology and Prevention Lifestyle and Cardiometabolic Health Scientific Sessions) ont montré que les participants qui enregistraient le plus de pas quotidiens voyaient leur risque de diabète baisser de 43 % et celui de forte tension artérielle de 31 % au cours des neuf années de suivi, en comparaison avec les personnes qui marchaient le moins.

Quelques kilomètres à pied n'usent que les souliers 

Les chercheurs ont par ailleurs trouvé que pour les sujets féminins, pour tous les 1.000 pas supplémentaires, le risque d'obésité décroissait de 13 %. De plus, celles qui marchaient le plus étaient moins susceptibles d'être obèses (-61 %) en comparaison avec celles qui marchaient le moins.

Les scientifiques ont commenté leurs résultats en notant que : « Les résultats de notre étude viennent étayer un nombre accru de données probantes montrant l'importance d'une activité physique régulière pour améliorer la santé cardiaque, et que les efforts préventifs peuvent être efficaces, même lorsque les adultes vieillissent. »

« La marche est une forme d'activité physique largement accessible, et le nombre de pas par jour est facilement mesurable et motivant ». Et l'auteur de l'étude, Amanda E. Paluch, d'ajouter que la mesure du nombre de pas est facilitée par l'industrie des bracelets de suivi et des smartphones.

Pour les personnes qui redoutent les longues périodes de sport, accumuler les pas au cours de la journée peut aider à être plus actif au quotidien. La chercheuse a poursuivi en précisant « plus on enregistre de pas, mieux c'est. »

« Le diabète et la forte tension artérielle ne sont pas inévitables. (...) Maintenir un poids sain, améliorer son alimentation et augmenter son activité physique peuvent aider à réduire le risque de diabète. Cette étude montre que la marche est une thérapie efficace pour abaisser le risque », a ajouté Robert H. Eckel, ancien président de l'American Heart Association.

COVID-19 : Des cibles immunitaires potentielles pour la conception de vaccins prometteurs ont été découvertes


En l’espace de deux mois, SARS-CoV-2, un coronavirus inconnu jusqu’en décembre 2019 et responsable de la maladie COVID-19, a déjà fait le tour du monde, infectant plus de 140’000 personnes. Un chiffre qui continue d’augmenter très rapidement, avec une forte progression épidémique en Europe. Récemment, des chercheurs ont réussi à prédire des cibles immunitaires croisées qui permettraient d’obtenir un vaccin efficace et à champ d’action large, le rendant plus “universel” et potentiellement moins sensible aux mutations du virus.

Des contre-mesures efficaces nécessitent des outils utiles pour surveiller la propagation virale et comprendre comment le système immunitaire humain réagit face au virus.

À présent, une équipe de chercheurs de l’Institut d’immunologie La Jolla (États-Unis), en collaboration avec des chercheurs de l’Institut J. Craig Venter, fournit la première analyse de cibles potentielles pour une immunité efficace contre le nouveau coronavirus. Les scientifiques ont utilisé les données existantes de coronavirus connus pour déterminer quelles parties de SARS-CoV-2 sont capables d’activer le système immunitaire humain.

Il faut savoir que lorsque le système immunitaire rencontre une bactérie ou un virus, il met à zéro de minuscules caractéristiques moléculaires, appelées épitopes, qui permettent aux cellules du système immunitaire de distinguer les envahisseurs étrangers étroitement liés et de concentrer leur attaque. Il est absolument essentiel d’avoir une carte complète des épitopes viraux et de leur immunogénicité pour concevoir de nouveaux vaccins efficaces.

Les données existantes provenant de l’étude d’autres coronavirus connus peuvent être utilisées pour prédire quelles parties du SARS-CoV-2, le nouveau coronavirus responsable de COVID-19, sont capables d’activer le système immunitaire humain. Crédits : Grifoni et al./Cell Host & Microbe


« Pour le moment, nous n’avons que peu d’informations sur les éléments du virus qui provoquent une réponse humaine solide », explique l’un des auteurs principaux de l’étude, Alessandro Sette, professeur au Center for Infectious Disease and Vaccine Research. « Connaître l’immunogénicité de certaines régions virales, ou en d’autres termes, à quelles parties du virus le système immunitaire réagit et avec quelle force, est d’une pertinence immédiate pour la conception de vaccins candidats prometteurs, ainsi que pour leur évaluation », a ajouté Sette.

Peu d’informations quant à la réponse du système immunitaire au COVID-19

Bien que les chercheurs ne connaissent actuellement que très peu la réponse du système immunitaire humain au COVID-19, la réponse aux autres coronavirus a été étudiée par le passé et une quantité importante de données concernant les épitopes est tout de même disponible à ce jour. En effet, quatre autres coronavirus connus circulent actuellement au sein de la population humaine. Ces derniers provoquent généralement des symptômes bénins et, ensemble, sont responsables d’environ un quart de tous les rhumes saisonniers.

Cependant, toutes les quelques années, un nouveau coronavirus tend à émerger et peut potentiellement provoquer des maladie graves, comme ce fut le cas avec le SARS-CoV en 2003, le MERS-CoV en 2012, et maintenant le SARS-CoV-2.

« SARS-CoV-2 est le plus étroitement lié au SARS-CoV, qui se trouve également être le coronavirus le mieux caractérisé en matière d’épitopes », explique l’auteure principale de l’étude Alba Grifoni, chercheuse postdoctorale au laboratoire Sette.

Pour leur étude, les chercheurs ont utilisé des données disponibles issues de la base de données du LJI Immune Epitope Database (IEDB), qui contient plus de 600’000 épitopes connus de quelque 3600 espèces différentes, ainsi que des données provenant du Virus Pathogen Resource (ViPR), un référentiel complémentaire d’informations sur les virus pathogènes.

Puis, l’équipe a compilé des épitopes connus du SARS-CoV et a cartographié les régions correspondantes au SARS-CoV-2. « Nous avons pu cartographier 10 épitopes du nouveau coronavirus et, en raison de la similitude globale des séquences entre SARS-CoV et SARS-CoV-2, il est fort probable que les mêmes régions qui sont immunodominantes pour SARS-CoV soient également dominantes dans le cas de SARS-CoV-2 », explique Grifoni.

Cinq de ces régions ont été trouvées dans la glycoprotéine « de spike », qui forme la « couronne » à la surface du virus (donnant notamment leur nom aux coronavirus) ; deux dans la protéine membranaire — incorporée dans la membrane qui enveloppe la coquille protéique protectrice autour du génome viral, et trois dans la nucléoprotéine, qui forme la coquille. « Le fait que nous ayons constaté que de nombreux épitopes de cellules B et T sont hautement conservés entre SARS-CoV et SARS-CoV-2, fournit un excellent point de départ pour le développement de vaccins », explique Sette.

Les chercheurs estiment que les stratégies vaccinales qui ciblent spécifiquement ces régions pourraient générer une immunité non seulement croisée, mais également relativement résistante à l’évolution continue du virus. Une nouvelle réjouissante en ces temps difficiles.

La Chine désinfecte ses bus et ascenseurs aux ultraviolets


Des rayons ultraviolets (UV) pour désinfecter des bus et des ascenseurs: c'est la méthode high-tech et ultrarapide utilisée en Chine pour éliminer toute trace potentielle du nouveau coronavirus.

Face à l'épidémie de Covid-19 qui a déjà fait plus de 3.100 morts dans le pays, les entreprises chinoises sont sous pression : elles doivent appliquer à la lettre les consignes de prévention des autorités.

La compagnie de transport public de Shanghai, Yanggao, a reconverti un tunnel de lavage classique pour bus en aire de désinfection équipée de 120 tubes UV. Ce nouveau procédé permet de réduire la durée de l'opération de 40 à... 5 minutes. « Dès le début de l'épidémie [...] on cherchait un moyen de désinfection plus efficace, en termes de main-d'œuvre et de coût », explique à l'AFP Qin Jin, le directeur général adjoint de Yanggao.

Un système efficace

L'ancien procédé nécessitait la présence constante de deux employés. Ils vaporisaient du liquide désinfectant sur le véhicule avant d'essuyer le tout. « Le problème avec ça, c'est que des fois on n'arrivait pas à atteindre certains recoins », raconte M. Qin.

Yanggao a établi un partenariat avec un fournisseur de systèmes de diffusion d'ultraviolets, avec lesquels il désinfecte une partie de sa flotte. Les employés acheminent les bus un par un dans le tunnel. Puis ils sortent de l'aire de désinfection et activent le système, qui plonge le véhicule dans un halo de lumière bleu clair.

Yanggao dispose de deux chambres qui peuvent traiter plus de 250 bus par jour, sur les 1.000 que compte la compagnie de transport, précise Qin Jin.

L’OMS déconseille de désinfecter ses mains aux UV. © Khunatorn, Adobe Stock 


Les UV permettent de tuer les pathogènes résistants

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les UV ne doivent pas être employés pour désinfecter les mains, car ils peuvent irriter la peau, voire provoquer des cancers.

Si les ultraviolets ne sont en général pas utilisés dans les transports, « il n'y aucune raison que ça ne fonctionne pas dans ce secteur, souligne Paul Tambyah, expert des maladies infectieuses à l'université nationale de Singapour. Les UV sont très utilisés dans les hôpitaux, pour désinfecter les chambres des patients après leur départ, explique-t-il. Cela permet de tuer les pathogènes résistants aux antimicrobiens, la tuberculose et d'autres agents infectieux ».

Désinfecter les billets de banque

Yanggao n'est pas la seule entreprise chinoise à faire appel à cette technologie. La banque centrale du pays a annoncé en février utiliser les ultraviolets pour désinfecter les billets de tout coronavirus.

Une entreprise de la province du Guangdong (sud) propose elle des « systèmes intelligents de désinfection par UV pour ascenseurs ». Des tubes à UV installés dans la cabine s'activent automatiquement quand personne n'est à l'intérieur. Et ils s'arrêtent tout seuls une fois le processus terminé. Avantage selon la compagnie : tous les recoins sont traités et les usagers ne sont pas incommodés par les effluves d'eau de Javel et de désinfectants classiques. Elle espère à terme installer le système dans certains espaces publics, comme les ascenseurs d'hôpitaux.

Chez les personnes obèses, des bactéries s’échappent de l’intestin pour se répandre dans le corps


Le surpoids et l’obésité sont des problématiques de santé grandissantes à travers de nombreux pays développés ou en développement. Considérée comme un simple “handicap” aux yeux de certains, en France, l’obésité est définie comme étant une véritable maladie chronique. Récemment, une équipe de chercheurs a identifié des traces d’ADN bactérien dans le sang, le foie et le tissu adipeux de personnes obèses, révélant que des fragments de bactéries (ou des bactéries vivantes entières) s’infiltrent dans leur corps depuis les intestins.

Quelques chiffres avant d’aborder le sujet de l’étude. En tête de liste des pays et États les plus “obèses” ou en surpoids, c’est-à-dire avec l’indice de masse corporelle (IMC) global le plus élevé, il y a Nauru (avec un IMC moyen de 32.5), l’État de Tonga (IMC de 31.9) et les Samoa américaines (IMC de 31.7). Contrairement aux croyances populaires, les États-Unis ne se situent (en 2020) qu’en 16e position, avec un IMC moyen de 28.8. Ils sont suivis de près par l’Arabie Saoudite (IMC : 28.5) et le Mexique (IMC : 28.1).

Pour vous donner une idée de la signification de ces chiffres : un IMC de 25 à 30 indique un surpoids, l’obésité étant définie entre 30 et 35 pour la forme modérée et entre 35 et 40 pour l’obésité sévère.

Récemment, des biologistes de l’Institut de recherche sur le cœur et les poumons du Québec, ont découvert des fragments d’ADN de bactéries intestinales dans le corps de personnes obèses. Les résultats de l’étude, publiés dans la revue Nature Microbiote, sont à prendre très au sérieux, sachant que de tels fragments de bactéries peuvent déclencher une réponse immunitaire et contribuer au développement de certaines maladies.

Une barrière intestinale plus fragile

« Même des fragments de bactéries peuvent déclencher une réponse immunitaire », explique l’un des auteurs principaux de l’étude, André Marette, de l’Institut de recherche sur le cœur et les poumons du Québec, au Canada.

Chez les personnes obèses, la barrière intestinale est plus fragile, explique Marette, ce qui permet à des fragments de bactéries ou à des bactéries vivantes de pénétrer dans leur corps. Cela pourrait contribuer au développement du diabète en provoquant une inflammation dans des organes tels que le foie. Et en effet, nous savons déjà depuis longtemps que l’obésité augmente le risque de diabète de type 2.

Fuite de bactéries, un rôle potentiel dans le développement du diabète

Pour étudier la question de l’impact de l’obésité sur l’intégrité des tissus, Marette et ses collègues ont analysé des échantillons de sang, de foie et de tissu adipeux prélevés sur des personnes ayant subi une opération chirurgicale pour perdre du poids. L’équipe a pris de nombreuses précautions pour exclure toute contamination bactérienne, ce qui aurait compromis les résultats.

À leur grande surprise, les chercheurs ont trouvé de l’ADN bactérien dans les trois types d’échantillons. « Je n’aurais jamais pensé qu’elles (les bactéries) pouvaient réellement atteindre les organes », déclare Marette.

Ils ont notamment trouvé un large éventail d’ADNs bactériens, dont certains provenaient de bactéries connues pour provoquer des maladies — telle que Escherichia–Shigella, responsable de la dysenterie bacillaire —, tandis que d’autres bactéries identifiées sont considérées comme bénéfiques (du moins dans l’intestin). Certains autres groupes de bactéries rapportés dans l’étude vivent normalement dans le sol ou dans l’eau, et ne se trouvent pas dans le corps humain. « Cela nous a beaucoup surpris », ajoute Marette.

L’étude a également révélé que le type de bactéries variait d’un tissu à l’autre et selon que les personnes souffraient ou non de diabète de type 2. Comme les scientifiques n’ont recherché que la présence d’ADN bactérien, ils ne peuvent pas être certains que l’ADN provient de bactéries vivantes ou de fragments de bactéries mortes.

Il faut savoir que les bactéries vivantes peuvent provoquer des infections potentiellement mortelles lorsqu’elles pénètrent dans l’organisme, mais aucune des personnes testées n’a montré de signes de ce genre. Marette prévoit d’essayer de cultiver des bactéries à partir de tels échantillons de tissus dans de futures études, pour voir si elles sont vivantes ou non.

Si la fuite de bactéries dans le corps joue vraiment un rôle dans le développement du diabète, il pourrait être possible de développer de nouveaux traitements, déclare Marette. Par exemple, il pourrait y avoir des moyens de rendre l’intestin plus “étanche” ou de tuer les bactéries qui causent le problème.

Comment les animaux marins parviennent-ils à respirer sous l’eau ?


Il y a plusieurs millions d’années, les seuls êtres vivants peuplant la Terre évoluaient dans les océans, disposant d’une capacité à respirer sous l’eau. Aujourd’hui, les animaux terrestres n’ont plus accès à cette respiration aquatique. Alors, comment les créatures aquatiques actuelles parviennent-elles à respirer sous l’eau ?

En réalité, il y a de grandes quantités d’oxygène dissous dans la plupart des océans, mers, lacs et rivières de la planète, bien que nos poumons, conçus pour respirer l’air, ne puissent tout simplement pas l’exploiter. Mais les animaux marins ont, eux, développé plusieurs méthodes pour avoir accès à cet oxygène.

Méduses : elles respirent par diffusion de l’oxygène

Certains animaux comme les méduses absorbent l’oxygène de l’eau directement à travers leur peau. Rebecca Helm, biologiste à l’Université de Caroline du Nord, explique que la cavité gastro-vasculaire à l’intérieur de leur corps a un double objectif : digérer les aliments et véhiculer l’oxygène et le dioxyde de carbone.

En fait, les premières formes de vie microbienne de la Terre qui utilisaient l’oxygène agissaient de la même manière que les méduses — par diffusion. Cette forme de respiration est probablement apparue il y a environ 2.8 milliards d’années, quelque temps après que les cyanobactéries ont commencé à pomper de l’oxygène dans l’atmosphère, selon l’océanologue Juli Berwald.

Les méduses possèdent une cavité gastro-vasculaire permettant à la fois de digérer les aliments et acheminer l’oxygène/rejeter le CO2. Crédits : Cyprus Oceanography Center


« Parce qu’elles n’ont qu’une couche cellulaire externe et une couche cellulaire interne, et que leur intérieur est une sorte de gelée sans cellules, elles n’ont pas besoin d’autant d’oxygène que les animaux possédant de véritables tissus internes. Cependant, il existe également des inconvénients à respirer par diffusion. C’est un processus beaucoup plus lent que d’utiliser un système circulatoire pour amener de l’oxygène à une grande partie du corps. Cela signifie probablement qu’il y a une limite à la taille des méduses », explique Berwald.

Une respiration par diffusion également présente chez les échinodermes

La respiration par diffusion d’oxygène sur la surface du corps se retrouve également chez les échinodermes — un groupe d’animaux marins qui comprend les étoiles de mer, les oursins et les concombres de mer.

Les étoiles de mer absorbent l’oxygène lorsque l’eau passe sur des bosses sur leur peau, appelées papules, et à travers des rainures dans d’autres structures, appelées pieds tubulaires, indique le zoologiste des invertébrés Christopher Mah, chercheur au Smithsonian National Museum of Natural History.

Certains types de concombres de mer en eau peu profonde, cependant, ont un type différent d’adaptation spécialisée pour la respiration : une structure arborescente respiratoire située dans la cavité corporelle près de l’anus. Comme l’ouverture rectale du concombre aspire l’eau dans son corps, l’arbre respiratoire extrait l’oxygène et expulse le dioxyde de carbone.

Poissons : la forme universelle des branchies

Chez les poissons, les branchies se sont révélées être un système de respiration efficace, utilisant un réseau de vaisseaux sanguins pour aspirer l’oxygène de l’eau et le diffuser à travers les membranes des branchies. Chez la plupart des poissons, les branchies ont « le même schéma de base », explique Solomon David, biologiste au Département des sciences biologiques de la Nicholls State University.

Les branchies des poissons possèdent une configuration anatomique identique pour presque toutes les espèces. Elles sont parcourues d’un réseau vasculaire permettant d’absorber l’oxygène. Crédits : ViveSVT


« Elles sont faites pour effectuer cet échange de gaz à contre-courant — absorber l’oxygène et libérer les déchets », ajoute David. Lorsque les poissons ouvrent leur bouche, ils créent un courant d’eau qui coule sur leurs branchies. Les tissus rougeâtres et très vascularisés aspirent l’oxygène et expulsent le dioxyde de carbone, un peu comme les capillaires des alvéoles pulmonaires.

Des branchies adaptées à chaque situation

Cependant, les branchies ne sont pas exactement à taille unique. Leur structure peut varier d’une espèce à l’autre en fonction de leurs besoins en oxygène. Les branchies d’un thon à nage rapide, par exemple, varieront quelque peu de celles d’un poisson qui est un prédateur attendant patiemment sa proie.

La forme des branchies peut même varier entre les individus d’une même espèce, en fonction des conditions d’oxygène dans l’eau où ils vivent. Des études ont montré que les poissons peuvent adapter la morphologie de leurs branchies lorsque leur habitat aquatique devient pollué ; au fil du temps, leurs filaments branchiaux deviennent plus condensés, pour résister aux contaminants dans l’eau.

Certains amphibiens aquatiques ont également des branchies — des structures ramifiées qui s’étendent vers l’extérieur de leur tête. C’est un trait larvaire chez les amphibiens qui disparaît à mesure que la plupart des espèces mûrissent, mais les salamandres aquatiques comme les sirènes conservent ces branchies externes à l’âge adulte. Les dipneustes (ou poissons pulmonés) — un groupe de poissons qui respirent l’air et l’eau à l’aide d’une vessie natatoire modifiée — ont également des branchies externes quand ils sont jeunes, mais presque toutes les espèces de lombes les perdent avant d’atteindre l’âge adulte.