"Tant que tu vivras, cherche à t'instruire: ne présume pas que la vieillesse apporte avec elle la raison" Solon

Une nouvelle étude indique la durée de vie des coronavirus et leur période d’incubation


Deux mois après son apparition, les virologues tentent toujours de mieux comprendre le coronavirus de Wuhan, maintenant officiellement nommé COVID-19. Une information importante à connaître est notamment la durée de vie du virus lorsqu’il est déposé sur des surfaces ou des objets. Au regard de sa ressemblance avec les autres coronavirus humains connus, le SRAS et le MERS, des chercheurs ont récemment suggéré que le COVID-19 pourrait rester actif pendant plus d’une semaine sur les surfaces où il se dépose. Des résultats qui démontrent à quel point il est nécessaire de désinfecter toutes surfaces avec lesquelles des patients auraient pu être en contact.

En examinant la littérature scientifique sur tous les virus humains et vétérinaires disponibles au sein de cette famille, comprenant 22 études, les chercheurs ont constaté que les agents pathogènes humains peuvent persister sur les surfaces et rester infectieux à température ambiante jusqu’à neuf jours. (Pour mettre cela en perspective, le virus de la rougeole peut vivre sur des surfaces contaminées jusqu’à deux heures).

Il s’agit certes de l’extrémité supérieure de la durée de vie d’un coronavirus, mais en moyenne, les chercheurs disent que cette famille de virus peut survivre entre quatre et cinq jours sur divers matériaux comme l’aluminium, le bois, le papier, le plastique et le verre. Certains des coronavirus vétérinaires — ceux qui ne peuvent infecter que les animaux — pourraient même persister plus de 28 jours.

Désinfecter soigneusement toutes surfaces abritant potentiellement le virus

« Les basses températures et la forte humidité de l’air augmentent encore leur durée de vie » explique le médecin Günter Kampf du CHU de Greifswald. Pour réduire la propagation des coronavirus en général, les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans le Journal of Hospital Infection, suggèrent que les hôpitaux désinfectent soigneusement les surfaces avec diverses solutions à base d’hypochlorite de sodium, de peroxyde d’hydrogène ou d’éthanol.

Tableau exposant la durée de vie de différentes souches de coronavirus sur plusieurs types de surfaces. Crédits : Günter Kampf et al. 2020



Dans leur étude, ils ont constaté que ces recommandations particulières de l’OMS étaient « très efficaces » contre le SRAS et le MERS. Les résultats étaient initialement destinés à un futur manuel, mais dans ces circonstances, les auteurs ont estimé qu’il était préférable de publier leurs résultats à l’avance. Ils pensent que ces derniers pourraient également s’étendre au COVID-19.

Des résultats pour le SRAS et le MERS appliqués à COVID-19

« Différents coronavirus ont été analysés et les résultats étaient tous similaires » explique le virologue Eike Steinmann de l’Université Leibniz. Cependant, aucun des virus n’était COVID-19, et l’équipe a indiqué ne pas disposer de données permettant de savoir si les mains peuvent être contaminées par un coronavirus après contact avec le patient ou après avoir touché des surfaces contaminées.

Bien que le MERS ne se transfère pas aussi facilement d’une personne à une autre que les autres coronavirus, le SRAS se propage plutôt efficacement chaque fois qu’une personne infectée éternue ou tousse. Si le mucus atterrit sur une surface touchée par une personne plus tard, elle peut alors la contaminer, même si le contact se produit des jours après l’exposition initiale.

Étant donné la menace que cela pourrait représenter pour le COVID-19, se laver les mains souvent et veiller à désinfecter les espaces publics semble être un maigre prix à payer. « Dans les hôpitaux, il peut s’agir par exemple de poignées de porte, mais aussi de boutons d’appel, de tables de chevet, de cadres de lit et d’autres objets à proximité directe des patients, qui sont souvent en métal ou en plastique ».

Une période d’incubation revue à la hausse

Selon une étude menée en Chine, les patients atteints par le coronavirus peuvent ne pas présenter de symptômes pendant plus de trois semaines. Si ces résultats n’ont pas encore été vérifiés à l’international, les scientifiques évoquent également un autre problème : le risque de contamination par les eaux usées.

L’étude du 9 février 2020 disponible sur la plateforme de prépublication MedRxiv est la plus grande jamais réalisée sur des patients atteints par le coronavirus Covid-19. Celle-ci a été menée sous l’égide de la China’s National Health Commission par le Dr Zhong Nan-Shan, en collaboration avec 37 chercheurs. Il faut savoir que les analyses ont porté sur environ 1 100 patients dans 31 provinces et 552 hôpitaux.

Selon les résultats, la période d’incubation médiane est de 3 jours. Or, les précédentes estimations mentionnaient une durée de 5,2 jours. Toutefois, le point crucial de ces recherches se trouve au niveau de la conclusion concernant la période d’incubation maximale, estimée à 24 jours. Cette nouvelle donnée n’a pas encore été vérifiée par d’autres chercheurs extérieurs à l’étude. Toutefois, ces résultats pourraient bien remettre en cause certaines mesures, telles que les mises en quarantaine dont la durée est actuellement fixée à 14 jours.

Les risques liés aux eaux usées

Les chercheurs chinois soulèvent un autre problème important, déjà mis en lumière dans deux études menées récemment. La première avait indiqué avoir détecté la présence du virus dans les excréments de 4 patients sur un total de 62. L’autre étude révélait la présence du virus chez 4 autres patients dans leur système digestif, leur salive ainsi que leur urine.

Autrement dit, il existe un risque bien réel au niveau des eaux usées. Les scientifiques évoquent donc l’évacuation de ces eaux notamment via les toilettes, et ce avant d’atterrir dans les égouts. Il y a là un risque de contamination via une source d’eau locale. De plus, le tourbillon de l’eau des toilettes peut potentiellement éjecter des particules de virus dans l’air et causer une transmission aéroportée. Il a été donc conseillé de garder le couvercle des toilettes fermé au moment de tirer la chasse.

Les chercheurs estiment que la présence du virus dans le système digestif en dit davantage sur sa capacité d’adaptation. Désormais, les poumons et les voies respiratoires ne sont plus les seuls organes pouvant témoigner de l’infection. Enfin, les meneurs de l’étude pointent une concentration élevée du virus dans les intestins, au vu des cas de diarrhées signalés chez certains patients atteints par le coronavirus.